26.3.05

Rattrapage...

Arnold à la conquête de l'Ouest, de Alex Cooke

Un documentaire qui n'innove pas vraiment du point de vue de la forme (on pense un peu à Mondovino pour la caméra DV virevoltante), mais qui nous livre une enquête journalistique très fouillée sur l'élection d'Arnold Schwarzenegger au poste de gouverneur de l'Etat de Californie, que la journaliste BBC Alex Cooke a filmé dès le début. Le sujet est passionnant, trivial et angoissant à la fois, car il donne à voir ce que pourrait être la politique de demain...Bref, c'est un film où l'on rit (beaucoup), mais où l'on réfléchit aussi.

Before Sunset, de Richard Linklater. Avec Ethan Hawke et Julie Delpy.

Neuf ans après la nuit qu'ils ont passé ensemble à Vienne (Before Sunrise), Céline et Jesse se retrouvent à Paris, où lui assure la promotion de son dernier roman...
Before Sunset est une longue conversation, filmée en temps (presque) réel, entre deux personnes qui marchent dans Paris. Derrière l'apparente banalité des propos, on sent la possibilité d'un amour profond que le temps n'a pas détruit. Drôle, émouvant, subtil...un petit bijou.

De battre mon coeur s'est arrêté, de Jacques Audiard. Avec Romain Duris, Niels Arestrup, Emmanuelle Devos...

Voici sans doute l'un des meilleurs films français de l'année. De battre... est un film fort, qui porte l'empreinte de son réalisateur à chaque plan (les amateurs de Sur mes lèvres apprécieront), et qui ne prend pas son spectateur pour un imbécile. Dès les premières scènes, on est précipités dans l'action, dans la confusion du héros, dans un rythme effréné qui ne faiblira pas avant la fin. Si seulement tous les films français pouvaient être aussi ambitieux...

Team America : Police du monde, de Trey Parker et Matt Stone. Avec George Clooney, Alec Baldwin, Sean Penn, Michael Moore, Tim Robbins, Matt Damon...

Une parodie réussie des films d'action hollywoodiens (avec des marionnettes ridicules), malheureusement dotée d'un contenu politique plus que douteux. Les réalisateurs s'attaquent aux acteurs hollywoodiens engagés politiquement à gauche ( Sean Penn, Susan Sarandon, Tim Robbins...) avec une férocité qui confine à la haine. C'est dommage, parce que leur nihilisme autoproclamé s'arrête là : « On se moque de tout le monde, sauf des politiques ». Faire un film sur la guerre contre le terrorisme sans mentionner le moindre homme politique (mis à part Kim Jong-Il), c'est plutôt faible.
Assaut sur le central 13, de Jean-François Richet. Avec Ethan Hawke, Laurence Fishburne...

Une série B de très bonne qualité, qui fera passer un moment agréable aux amateurs de films d'action un peu plus intelligents que la moyenne (les films, pas les amateurs !). JF Richet respecte fidèlement les codes du genre sans tomber dans les clichés, et parvient même à nous surprendre grâce à un scénario plutôt bien fichu. Le casting est de très grande qualité et s'en donne à coeur joie. Un petit film d'action sans prétention, c'est assez rare pour être signalé.

La vie aquatique, de Wes Anderson. Avec Bill Murray, Owen Wilson, Cate Blanchett, Angelica Huston...

Le nouveau film de Wes Anderson marque un tournant stylistique dans la filmographie du réalisateur Texan. C'est un film d'action "à la Wes Anderson" : mouvements de caméra décalés, humour à froid en pleine fusillade... Anderson parvient à se renouveler magnifiquement, tout en gardant la sensibilité douce-amère qui faisait le charme de La Famille Tenenbaum et surtout de Rushmore. A découvrir d'urgence !

22.1.05

Critiques d'un weekend chargé en ciné!

The Corporation, de Jennifer Abbot et Mark Achbar. Avec Michael Moore, Noam Chomsky, Jeremy Rifkin, Milton Friedman.


Atttention, chef d’œuvre à voir de toute urgence ! Loin du gauchisme hystérique auquel pouvait faire croire le titre et la campagne de promotion (« si l’entreprise était un être humain, elle serait un psychopathe »), The Corporation est un exposé méthodique, déprimant, et malgré tout hilarant, qui analyse les problème que pose la toute-puissance de certaines entreprises multinationales aujourd’hui. Ce film montre aussi qu’on peut avoir une approche à la fois militante ET rigoureuse, qui ne manquera pas de bousculer le spectateur. De gauche comme de droite, « ultralibéral » ou altermondialiste, il faut voir ce film, et en discuter.


L’autre rive (Undertow) ¸ de David Gordon Green, avec Josh Lucas, Jamie Bell et Dermot Mulrooney.


Voici un petit bijou du cinéma indépendant américain, qu’il serait dommage de rater. Derrière la simplicité du récit (un oncle cupide poursuit ses deux neveux, dont il a assassiné le père pour récupérer un trésor familial) se cache un film-poême, un film envoûtant qui vous prend et ne vous lâche plus. L’étrangeté du décor, de cette Amérique profonde qu’on a rarement vu au cinéma (on pense à Délivrance, de Boorman). La beauté d’une mise en scène qui sublime la nature sauvage, qui entoure et emprisonne les personnages dans une fatalité impitoyable…L’autre rive est un film qui parvient à nous raconter une histoire que l’on entendue cent fois avec une fraîcheur et une grâce que l’on aperçoit de moins en moins au cinéma de nos jours… Ce n’est pas pour rien que le film est produit par Terence Malick lui-même, qui semble s’être trouvé un successeur !

17.1.05

Encore un rattrapage...

« Le secret des poignards volants », de Zhang Yimou


Après « Hero », Zhang Yimou nous propose à nouveau un film de sabre. Après un « Hero » très politique, Zhang Yimou nous offre cette fois-ci une grande histoire d’amour émouvante, à la fois épique et intimiste. A la férocité des combats succède la violence des sentiments : les amateurs retrouveront des scènes de combats au lyrisme exacerbé, les autres apprécieront la force poétique du grand film romanesque de cette fin d’année…



« She Hate Me » , de Spike Lee


Spike
Lee est l’un des plus grands cinéastes américains d’aujourd’hui. Personne ne sait comme lui décrire la société américaine de façon aussi franche et percutante.

« She Hate Me » énerve, parce qu’il tombe parfois dans la démesure : le scénario, réunit un peu maladroitement deux sujets d’actualité a priori très éloignés, la délinquance en col blanc et l’homoparentalité.

« She Hate Me » impressionne, parce que Spike Lee est un auteur ambitieux, qui maîtrise son art (réalisation, photo, acteurs, musique…tout est parfait) et qui a des choses vraiment intéressantes à dire !

Narco!

Narco, de Tristan Arouet et Gilles Lellouche, avec Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde…

Narco est un petit film atypique : c’est en quelque sorte le premier film français des frères Coen. En effet, ce qui frappe dans ce film, c’est que toutes les références cinématographiques sont américaines : certaines scènes sont presque transposées de films comme The Big Lebowski ou Les Affranchis ! Les réalisateurs, issus du clip et de le pub, affichent sans complexe leur amour d’un certain cinéma d’auteur américain pour nous raconter une histoire de losers magnifiques (Gustave Klopp, c’est le Dude !), au premier rang desquels Benoît Poelvoorde en fan absolu de JC Van Damme ! Le résultat ? Un film réjouissant, modeste et ambitieux à la fois, manifeste d’une cinéphilie résolument moderne, sans frontières, qui allie les meilleurs éléments des influences multiples qui la constituent…

Ocean's Twelve

Ocean's Twelve, de Steven Soderbergh

La plupart d’entre vous l’ont sans doute déjà vu. Conseillons quand même aux sceptiques que ce film mérite d’être vu, et qu’il vient clore en beauté une année 2004 caractérisée par des blockbusters hollywoodiens de très grande qualité artistique.

Pour ne pas répéter ce qui a été dit, disons simplement que le plaisir que l’on peut tirer de ce film est avant tout intellectuel : Soderbergh est un joueur, qui s’amuse avec son public (des rebondissements jusqu'à l’absurde, des blagues qui ne feront rire que les insiders), avec ses acteurs (le rôle confié a Julia Roberts, les personnages glamour du premier film ridiculisés dans le second…), avec son récit (narration explosée, rythme effréné…), avec ses financiers (c’est le producteur du film, Jerry Weintraub, qui joue « l’ami américain » qui provoque la colère de Toulour, qui est à l’origine de l’histoire ! L’initiateur du projet de film joue le rôle de l’initiateur du récit du film)…En plus, comment ne pas apprécier l’hommage à Godard (volontaire ou non) dans un film que l’on sait destiné au grand public américain !