31.3.07

Chuck Norris does not sleep. He waits.

Comme le dit le très matinal cuistot du Télé Matin des Inconnus, "un brin d'humour ne fait jamais de mal". Par contre, ce qui fait mal, pour ce cuistot, c'est les hachoirs. Un autre truc qui fait mal, c'est Chuck Norris! Humour et douleur sont les éléments-clé de notre cocktail d'aujourd'hui!

Qui est Chuck Norris?

Chuck Norris est un champion de karaté, une star de films d'action des années '80, et un Dieu de la Toile. Partout sur Internet, on trouve des sites à la gloire de celui qui résoudre n'importe quel problème du monde à l'aide de son célèbre coup de pied circulaire, le "roundhouse kick". Des sites entiers sont consacrés à la puissance du karaté guy barbu. Sur ces sites, on peut trouver une liste exhaustive des Hauts Faits accomplis par le Chuck.

Extraits:
There is no such thing as global warming. Chuck Norris was cold, so he turned the sun up.
Chuck Norris does not sleep. He waits.
Chuck Norris doesn’t wear a watch, HE decides what time it is.
Contrary to popular belief, America is not a democracy, it is a Chucktatorship.
Chuck Norris is so fast, he can run around the world and punch himself in the back of the head.
When Chuck Norris does a pushup, he isn’t lifting himself up, he’s pushing the Earth down.
Eh oui, c'est comme ça que ça marche aujourd'hui: tu fais des mauvais films d'action dans les années '80, et vingt ans plus tard, tu deviens une légende vivante de la Toile. Ta puissance est sans limites. Tu n'es plus seulement un acteur, tu es maintenant un gourou!

Les films de Chuck Norris

Pour mieux connaître ces fameux mauvais films qui ont fait la gloire du Chuck, on peut aller voir sur l'excellent site Nanarland, "le site des mauvais films sympa". On y trouve la critique de plusieurs films du Chuck, notamment celle de Braddock: Missing in Action III. Attention, il ne s'agit pas de n'importe quel film pour Chucky: c'est avec la série des Missing in Action que l'ancien champion (et prof) de karaté est devenu une action star, capable de soutenir une franchise.
Comme l'indique le titre, Braddock (le héros) doit retourner au Vietnam pour sauver ceux qui ont disparu "dans le feu de l'action", c'est-à-dire ceux qui ont été faits prisonniers...bien entendu, MIA n'est pas la premier film à utiliser cette excuse pour faire un film d'action dans un Vietnam où la guerre ne serait toujours pas terminée: le scénar de Rambo II est exactement le même! On n'oubliera pas de préciser que ces deux séries de films ont été produites par les rois du mauvais film d'action décadent et nihiliste des années '80, les infâmes Yoram Globus et Menahem Golan.

Bref, dans le troisième volet de la saga Missing in Action, Braddock commence à sérieusement manquer de personnes à sauver, vu l'excellent boulot qu'il à fait dans les deux premiers films! Donc, ça vire au n'importe quoi: il faut désormais sauver les pauvres métis, les enfants que les soldats américains ont eu avec des vietnamiennes, parce que l'armée vietnamienne ne les aime pas. Bref, le film est mauvais, la franchise est fatiguée, mais au milieu de cette déchéance, on trouve un moment d'éloquence sublime, le genre de phrase à sortir en soirée quand un mec te fait chier: "Je mets les pieds ou je veux, et souvent, c'est dans la gueule".

Ecouter la réplique qui déchire!

Excellente chronique de Nanarland.com sur ce mauvais film sympa.

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Bon, on a bien rigolé avec ce bon vieux Chuck, mais il ne faut pas oublier qu'il mérite quand même notre respect de geek. Pourquoi? Grace à une scène, dans un film, qui est capable, à elle seule, de rattraper tous les mauvais films et les mauvaises séries qu'il a tournés. Cette scène, c'est l'affrontement final, dans le Colisée, entre Bruce Lee et Chuck Norris, dans La Fureur du Dragon (1972, Bruce Lee).

Dans le film, Bruce Lee visite sa famille, qui habite à Rome. Il découvre vite que sa famille subit le racket de méchants gangsters orientaux. Bruce décide donc d'affronter ces gangsters, un à un. Terrorisés par la puissance de Bruce Lee, les gangsters font appel à un karatéka américain, Colt (Chuck Norris). L'affrontement à lieu dans un Colisée vide (la scène à été tournée sur place, à Rome!), ce qui lui confère une dimension mythique, mythologique. Deux titans se font face. L'affrontement est long et sanglant, et les deux adversaires sont presque à égalité. Ce duel ne peut se terminer que par la mort de l'un des combattants. C'est un affrontement entre deux acteurs devenus légendaires (pas forcément pour les mêmes raisons), et il ne déçoit pas. Comme quoi, la puissance légendaire de Chuck Norris n'est peut-être pas si artificielle que ça...


29.3.07

Neodämmerung

Un ami m'a envoyé récemment le lien vers une page avec les meilleurs monologues du cinéma américain. La liste est de qualité, bien sûr, mais il n'y a rien de vraiment surprenant dans les choix: "J'adore l'ordeur du napalm au petit matin..", etc. Il y a un monologue que j'adore, et qui a le malheur de se trouver dans une des suites les plus honnies de ces dernières années: The Matrix: Revolutions.


J'adore Revolutions: malgré quelques gros défauts, il y a dans ce films suffisamments de moments sublimes pour qu'on le revoie avec plaisir. Et dans ces moments sublimes, il y a le monologue final de l'Agent Smith. Celui-ci semble avoir vaincu Neo en combat singulier, et comme tout bon Méchant qui se respecte, il raille son adversaire à terre. Voilà ce que ça donne:

Agent Smith: Why, Mr. Anderson? Why do you do it? Why get up? Why keep fighting? Do you believe you're fighting for something? For more that your survival? Can you tell me what it is? Do you even know? Is it freedom? Or truth? Perhaps peace? Yes? No? Could it be for love? Illusions, Mr. Anderson. Vagaries of perception. The temporary constructs of a feeble human intellect trying desperately to justify an existence that is without meaning or purpose. And all of them as artificial as the Matrix itself, although only a human mind could invent something as insipid as love. You must be able to see it, Mr. Anderson. You must know it by now. You can't win. It's pointless to keep fighting. Why, Mr. Anderson? Why? Why do you persist?

Neo: Because I choose to.

Wow. J'aimerais pouvoir être aussi éloquent. On à souvent accusé la série des Matrix de prétention, mais ça change quand même, d'avoir des films à gros budget où les dialogues sont aussi soignés que les scènes d'action. Evidemment, si Smith parle aussi bien, c'est qu'il s'écoute parler. Sûr de lui, en vainqueur, il ne peut s'empêcher de se délecter de l'inéluctable défaite de son ennemi intime, son adversaire de toujours, Neo.



Cet échange résume à lui seul toute la trilogie, où la question du choix (donc du libre arbitre) structure le récit (Matrix est un film-jeu vidéo). Neo choisit d'accepter sa destinée, de prendre la pillule rouge et de mener la rebellion des humains contre la Matrice. Neo choisit de ne pas faire ce que lui ordonne l'Architecte, pour trouver une troisième voie pour mettre fin une fois pour toutes au conflit entre humains et machines. Et à la fin, Neo choisit la coexistence pacifique avec les machines, pour sortir du cycle infernal des "reload".

L'Agent Smith est un programme comme les autres qui deviendra, au contact de Neo, humain. Humanoïde. Mais un humain bancal, un hybride, qui ne parvient pas à se débarasser de la mission qui lui était assignée, "programmée", dans sa vie antérieure (détruire Neo, pardon, Mr Anderson), et qui, en devenant "libre", n'arrive à trouver de la jouissance que dans un narcissisme profond ("Me. Me, me, me, me. And me") qui consiste à faire le vide autour de lui, à tout démolir pour devenir le centre de l'univers et remodeler le monde à son image: "Like what I've done with the place?". Quitte à provoquer une instabilité grandissante du système, et la destruction du monde. Bref, face au danger posé par Smith, Neo et les machines s'allient pour le vaincre. La symbiose est telle entre humains et machines que la destruction de la Matrice serait une catastrophe pour les deux peuples.

N'oublions cependant pas que si ce monologue est si frappant, c'est grâce à l'immense Hugo Weaving, interprête de l'Agent Smith. Cette voix incroyable, ce jeu tout en violence contenue, l'impression que dégage Smith de tout contrôler, tout en étant impuissant face à la détermination de son adversaire...Pas de doute, Hugo Weaving a crée l'un des méchants les plus intéressants du cinéma. Toute la vanité et la complexité de Smith se trouvent là-dedans, dans ce monologue final, un monologue de la victoire qui se transforme tout d'un coup en incroyable aveu d'échec. Malgré tout son pouvoir, Smith est incapable de comprendre son adversaire. Comme il ne sait pas ce que veut Neo, il ne peut pas lui faire de mal. En ça, Neo à gagné. Et l'Agent Smith nous prouve que l'hubris n'est pas l'apanage des hommes. Même une machine peut y succomber. Avec les conséquences que l'on connaît.


Bref, pour résumer l'affaire, on pourrait simplement citer un membre de YouTube, qui à décrit cette scène avec des mots tout simples: "Best villain monologue of the 21st century".

26.3.07

I know what I like...

Alors ça y est, je reviens de l'Olympia. Le concert de The Musical Box m'a bouleversé. Je n'ai pas osé écouter de musique sur mon lecteur MP3 en revenant chez moi, de peur de perdre les mélodies qui sont restées dans ma tête. Les chansons que je croyais connaître par coeur ont acquis une nouvelle dimension grace à ce live.
L'expérience de ce soir ressemble à ce qui se produit généralement lors d'une représentation théatrale réussie: les acteurs/musiciens sont devenus les membres du Genesis de 74. Les voix de Gabriel et Collins sont parfaites. Le chanteur pousse le perfectionnisme jusqu'à imiter le français horrible de Peter Gabriel lorsqu'il raconte les histoires qui servent de d'introduction à chaque morceau. Les musiciens sont tous excellents, et n'ont pas à rougir de la comparaison avec le Genesis original.
Alors, pour tout ça, merci à The Musical Box de nous faire revivre ces moments incroyables. Les concerts de Genesis n'étaient pas des concerts comme les autres: la scénographie, les costumes, le choix des morceaux...tout avait un sens, parce que tout faisait partie d'un Tout, d'un concert conçu comme une pièce de théâtre. Ce sont des spectacles à part entière, qui méritent que l'on s'en souvienne. Il faut les voir pour comprendre le génie absolu de Genesis et Peter Gabriel.


25.3.07

Can you tell me where my country lies?

Alors là, je rentre de soirée, il est 2h du mat', et que me dit mon ordinateur? Qu'il est déjà 3h du matin, parce qu'on est passé à l'heure d'été. Et merde! Une heure de sommeil de moins...
Demain, gros programme...je bosse, et je vais voir "The Musical Box", un groupe de reprises de Genesis qui se produit à l'Olympia, et qui "reconstitue" le concert de 1974 de Genesis, celui de la tournée "Selling England By The Pound".
J'espère que ce sera bien. L'album est excellent (sans doute le meilleur de la période Peter Gabriel...si, si, meilleur que "The Lamb Lies Down On Broadway"), et j'adore les morceaux "Firth of Fifth" et "The Cinema Show" (la version live, sur "Seconds Out", est sublime). J'attends beaucoup de ces morceaux!



21.3.07

Free of the fear and the pain...

Shilo Norman, alias Mister Miracle

Le génie de Grant Morrison, c'est la liberté absolue avec laquelle il arrange les mots. Aucun autre auteur de comics possède la même force, celle de créer une langue complêtement originale grâce des mots associés de façon totalement inattendues.

Voici un des plus beaux exemples. Dans la mini-série Seven Soldiers: Mister Miracle, GM définit la "Anti-Life Equation", une équation magique qui conduit tout ceux qui l'entendent au désespoir, à la perte de volonté et à la soumission à leur "dark side":
loneliness + alienation + fear + despair + self-worth ÷ mockery ÷ condemnation ÷ misunderstanding x guilt x shame x failure x judgment n=y where y=hope and n=folly, love=lies, life=death, self=dark side
Seul Grant Morrison pouvait ainsi conceptualiser une équation du désespoir.

Parenthèse geek
[Peut être que dans la 25ème ressortie/remodification de Star Wars, les Jedis utiliseront le taux de midichloriens et l'équation ALE pour calculer le "potentiel de Coté Obscur" d'un mec qui maitrise la Force]
Fin parenthèse geek

19.3.07

Pocket full of kryptonite...

All-Star Superman, par Grant Morrison et Frank Quitely



Quand le plus incroyable des scénaristes de comics rencontre un des dessinateurs les plus talentueux, cela donne "All-Star Superman": des histoires intemporelles et magiques, un dessin sublime. Aujourd'hui, c'est la série des Superman qui est la plus nostalgique, mais aussi la plus novatrice.

Riders on the storm...


Ghost Rider, de Mark Steven Johnson.
Alors oui, j'ai fini par céder, et je suis allé voir Ghost Rider. Et c'était beaucoup mieux que je ne l'imaginais!
Evidemment, tous ceux qui ont vu le Daredevil du même réalisateur pouvaient craindre le pire. M.S. Johnson décidait de s'attaquer, après l'homme sans peur, au "cavalier sans tête", un de ses "personnages Marvel préférés". Vu le résultat de Daredevil, on pouvait craindre le pire:
- des références à tour de bras (tous les personnages secondaires portaient le nom des célèbres auteurs et dessinateurs du personnage, c rigolo au début, ça devient vite pénible/lourd)
- un respect quasi-religieux de l'histoire d'origine, racontée chronologiquement, sans oublier/modifier le moindre détail, ce qui, encore une fois, alourdit le film et l'empêche de démarrer sur les chapeaux de roues.
- une mise en scène peu inspirée
- et surtout, le truc qui m'irrite énormément quand j'y repense : la bande-son n'est composée que de tubes du top 50 de 2002, ce qui a pour effet de dater le film considérablement. Bon, ça a permis à Evanescence de se lancer (2 morceaux, futurs singles à succès, sont dans des scènes-clé du film), mais ça trivialise, ça "contemporéanise" considérablement un film de super-héros qui se doit d'avoir une profondeur mythologique s'il veut durer...la force des super-héros Marvel, c'est de nous émouvoir encore aujourd'hui, 40 ans après leur création!

Tous ces facteurs ne font pas de Daredevil un mauvais film, juste un film médiocre, peu enthousiasmant, qu'on a pas forcément envie de revoir. C'est une sorte de "passage obligé", un pot-pourri de tous les personnages-clé de l'univers de Daredevil (Elektra, Bullseye, Kingpin, Karen Page...), comme une liste dont on cocherait les cases au fur et à mesure. M.S. Johnson n'a pas le génie d'un Sam Raimi, qui parvient à rendre excitante l'origine que tout le monde connait, celle de Spider-Man, tout en respectant à la lettre toutes les étapes du récit d'origine.

La bonne nouvelle pour Ghost Rider, c'est qu'il est nettement plus inspiré que Daredevil. Le Rider, personnage de seconde zone dans l'univers Marvel, ne possède pas la même notoriété que Spidey (ou, dans une moindre mesure, que Daredevil), ce qui a permis a Johnson de prendre des libertés avec la conception du personnage, en intégrant les meilleurs éléments des différentes versions du Ghost Rider. Libéré, Johnson l'est aussi de lui-même: après un premier film de super-héros sous le bras, le réalisateur possède plus de recul, et surtout, plus de confiance en lui. Ghost Rider est un film enthousiaste, un film bourré d'énergie et d'humour. Personne ne se prend au sérieux, l'ambiance est décontractée. Même si cette énergie ne fait pas forcément de Ghost Rider un bon film (on passe autant de temps à rire du film qu'à rire avec lui) on passe quand même un moment agréable. Les effets spéciaux sont formidables (le feu est un des choses les plus difficiles à reproduire en images numériques), Nic Cage est complêtement dingue et Eva Mendes est fort charmante. Par contre, le méchant démon Blackheart ressemble à un jeune zombie d'Elvis. Donc on se marre. Ghost Rider est un nanar à se mater entre potes, pour rigoler un bon coup.