22.1.05

Critiques d'un weekend chargé en ciné!

The Corporation, de Jennifer Abbot et Mark Achbar. Avec Michael Moore, Noam Chomsky, Jeremy Rifkin, Milton Friedman.


Atttention, chef d’œuvre à voir de toute urgence ! Loin du gauchisme hystérique auquel pouvait faire croire le titre et la campagne de promotion (« si l’entreprise était un être humain, elle serait un psychopathe »), The Corporation est un exposé méthodique, déprimant, et malgré tout hilarant, qui analyse les problème que pose la toute-puissance de certaines entreprises multinationales aujourd’hui. Ce film montre aussi qu’on peut avoir une approche à la fois militante ET rigoureuse, qui ne manquera pas de bousculer le spectateur. De gauche comme de droite, « ultralibéral » ou altermondialiste, il faut voir ce film, et en discuter.


L’autre rive (Undertow) ¸ de David Gordon Green, avec Josh Lucas, Jamie Bell et Dermot Mulrooney.


Voici un petit bijou du cinéma indépendant américain, qu’il serait dommage de rater. Derrière la simplicité du récit (un oncle cupide poursuit ses deux neveux, dont il a assassiné le père pour récupérer un trésor familial) se cache un film-poême, un film envoûtant qui vous prend et ne vous lâche plus. L’étrangeté du décor, de cette Amérique profonde qu’on a rarement vu au cinéma (on pense à Délivrance, de Boorman). La beauté d’une mise en scène qui sublime la nature sauvage, qui entoure et emprisonne les personnages dans une fatalité impitoyable…L’autre rive est un film qui parvient à nous raconter une histoire que l’on entendue cent fois avec une fraîcheur et une grâce que l’on aperçoit de moins en moins au cinéma de nos jours… Ce n’est pas pour rien que le film est produit par Terence Malick lui-même, qui semble s’être trouvé un successeur !

17.1.05

Encore un rattrapage...

« Le secret des poignards volants », de Zhang Yimou


Après « Hero », Zhang Yimou nous propose à nouveau un film de sabre. Après un « Hero » très politique, Zhang Yimou nous offre cette fois-ci une grande histoire d’amour émouvante, à la fois épique et intimiste. A la férocité des combats succède la violence des sentiments : les amateurs retrouveront des scènes de combats au lyrisme exacerbé, les autres apprécieront la force poétique du grand film romanesque de cette fin d’année…



« She Hate Me » , de Spike Lee


Spike
Lee est l’un des plus grands cinéastes américains d’aujourd’hui. Personne ne sait comme lui décrire la société américaine de façon aussi franche et percutante.

« She Hate Me » énerve, parce qu’il tombe parfois dans la démesure : le scénario, réunit un peu maladroitement deux sujets d’actualité a priori très éloignés, la délinquance en col blanc et l’homoparentalité.

« She Hate Me » impressionne, parce que Spike Lee est un auteur ambitieux, qui maîtrise son art (réalisation, photo, acteurs, musique…tout est parfait) et qui a des choses vraiment intéressantes à dire !

Narco!

Narco, de Tristan Arouet et Gilles Lellouche, avec Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde…

Narco est un petit film atypique : c’est en quelque sorte le premier film français des frères Coen. En effet, ce qui frappe dans ce film, c’est que toutes les références cinématographiques sont américaines : certaines scènes sont presque transposées de films comme The Big Lebowski ou Les Affranchis ! Les réalisateurs, issus du clip et de le pub, affichent sans complexe leur amour d’un certain cinéma d’auteur américain pour nous raconter une histoire de losers magnifiques (Gustave Klopp, c’est le Dude !), au premier rang desquels Benoît Poelvoorde en fan absolu de JC Van Damme ! Le résultat ? Un film réjouissant, modeste et ambitieux à la fois, manifeste d’une cinéphilie résolument moderne, sans frontières, qui allie les meilleurs éléments des influences multiples qui la constituent…

Ocean's Twelve

Ocean's Twelve, de Steven Soderbergh

La plupart d’entre vous l’ont sans doute déjà vu. Conseillons quand même aux sceptiques que ce film mérite d’être vu, et qu’il vient clore en beauté une année 2004 caractérisée par des blockbusters hollywoodiens de très grande qualité artistique.

Pour ne pas répéter ce qui a été dit, disons simplement que le plaisir que l’on peut tirer de ce film est avant tout intellectuel : Soderbergh est un joueur, qui s’amuse avec son public (des rebondissements jusqu'à l’absurde, des blagues qui ne feront rire que les insiders), avec ses acteurs (le rôle confié a Julia Roberts, les personnages glamour du premier film ridiculisés dans le second…), avec son récit (narration explosée, rythme effréné…), avec ses financiers (c’est le producteur du film, Jerry Weintraub, qui joue « l’ami américain » qui provoque la colère de Toulour, qui est à l’origine de l’histoire ! L’initiateur du projet de film joue le rôle de l’initiateur du récit du film)…En plus, comment ne pas apprécier l’hommage à Godard (volontaire ou non) dans un film que l’on sait destiné au grand public américain !