24.8.07

L'archange immatériel : le Surfer d'Argent et les Quatre Fantastiques

Voici un post que j'avais entamé il y a plusieurs semaines, sans vraiment le terminer. Depuis, le film est sorti, et je l'ai vu. Donc je vous donne mes impressions avant de voir le film, et à la fin je fais une critique du film.


Dans une semaine sort le nouvel épisode dans la série des 4
Fantastiques: Les 4F et le Surfer d'Argent. J'irais le voir, par fidelité envers les comics, dans l'espoir de voir de belles images, mais sans grande conviction. La raison principale de mon absence d'enthousiasme? Le réalisateur. Le studio a confié les rênes de cette tâche monumentale à Tim Story, un faiseur, un tâcheron sans autre ambition que de satisfaire ses patrons (c'est-à-dire faire un film qui rapporte des millions sans faire de vagues). Après l'échec critique et commercial - un échec très relatif, puisque le film a quand même rapporté plusieurs dizaines de millions de dollars au B.O. - de Hulk, Marvel a décidé qu'il ne fallait plus confier ses personnages à des réalisateurs de talent, de peur que ceux-ci "détournent" les films pour mieux les intégrer à leur oeuvre.

Hulk, le film qui sonna le glas de la prise de risques chez Marvel?

Je veux bien admettre que Ang Lee soit peut-être allé trop loin dans sa ré-imagination du personnage de Hulk (en modifiant l'origine de son pouvoir, de façon à transformer son histoire en tragédie grecque), ce qui a dérouté tout le monde, mais je trouve que Hulk est un film incroyable, un film à part, un OVNI dans la galaxie des adaptations ciné des personnages Marvel. C'est un film complêtement délirant, schizophrénique, qui concilie introspection psychologique et destruction de tanks. Pour moi, c'est de loin le plus "intéressant" des films Marvel, et celui pour lequel j'ai le plus d'affection.
Bref, depuis qu'Ang Lee a tenté de fusionner les cinémas d'Ingmar Bergman et Michael Bay dans un seul film, Marvel ne prend plus de risques. Exit les fortes personnalités comme Bryan Singer et Sam Raimi ou Guillermo del Toro, on préfère les faiseurs comme Rob Bowman (Electra), Mark Steven Johnson (Ghost Rider), ou Tim Story (qui s'est fait connaître grâce au film-sitcom de blacks Barbershop et le remake américain de Taxi...).

Les Quatre Fantastiques dessinées par le roi des comics, Jack "The King" Kirby

Je n'ai pas vu le premier film de la série des 4F. J'en avais rien à faire, les critiques étaient pas fameuses. Pire encore, on a appris qu'après avoir vu Les Indestructibles, qui empruntait énormément d'éléments aux 4F, l'équipe du film a décidé de tourner une nouvelle fin pour que celle-ci soit plus spectaculaire ! Tout ça ne présageait rien de bon. Et pour finir, la goute d'eau qui à fait déborder le vase: le choix ridicule, absurde, de Jessica Alba pour incarner Sue Storm. Non, vraiment, rien à faire, ce film je ne le verrai pas.

Avec la suite, ça devient plus grave. Les auteurs ont décidé de faire appel à un personnage légendaire, le Surfer d'Argent. Son arrivée dans la série originale des 4F est considérée comme un des moments classiques dans l'histoire des comics. Avec le génial Stan Lee (scénar) et le légendaire Jack Kirby (dessins) aux manettes, les 4 Fantastiques est alors devenue "the world's greatest comic book", comme le promettait le slogan sur la couverture de chaque numéro. L'âge d'argent des comics avait commencé...

Silver Surfer se rebelle contre son maître Galactus dans Marvels, l'hommage rendu par Alex Ross et Kurt Busiek à l'Age d'Or de Marvel

Tout ça pour dire qu'on touche à quelque chose de sacré en s'attaquant au Surfer, et à son maître, l'incroyable Galactus, le "dévoreur de mondes" (une créature qui mange des planètes...ça, il fallait y penser). Le Surfer est lié historiquement aux Fantastiques, mais il a eu, à divers moments de son existence, sa propre série en solo. On pouvait donc l'introduire dans la saga des 4F, tout comme on aurait pu lui consacrer un film entier. A une époque, des rumeurs circulaient sur la possible adaptation cinématographique de ses aventures avec David O. Russell (Three Kings) à la réalisation. J'aurais adoré voir ce film-là. Malheureusement, dans la vie les choses ne vont pas toujours comme on le souhaiterai. A la place de la zen-attitude chaotique d'un Russell, on doit subir les fayoteries corporate de Tim Story pour s'attaquer à la plus sacrée des sagas. C'est un peu comme si on demandait à Michaël Youn d'incarner le général de Gaulle. Beurk.

Le Surfer d'Argent, un personnage tellement emblématique qu'il a inspiré des auteurs étrangers: Parable, écrit par Stan Lee et dessiné par Moebius (L'incal)

Ayant vu le film, je peux le dire: la franchise des Quatre Fantastiques est un énorme gâchis. J'ai vu le film il y a quelques semaines, et je ne m'en souviens plus. Le film n'a aucun intérêt. Ca fait mal de voir aussi peu d'ambition dans l'adaptation d'un des récits les plus ambitieux de Stan Lee et Jack Kirby. Le manque d'ambition de ce film est partout: dans un poster de film nullissime (on dirait un mauvais Photoshop)...


...dans une mise en scène passe-partout, dans une direction d'acteurs inexistante (je ne me remets toujours pas du choix de Jessica Alba, ce trou noir de talent), et surtout, une absence monstrueuse d'ambition qui se traduit dans le choix de na pas faire apparaître Galactus, le Dévoreur de Mondes. A la place, on a droit à un gros nuage qui détruit tout. C'est nul. Nul nul nul. Impossible de ne pas penser à Spider-Man ou X-Men pendant que je regardais le film. Le problème, c'est que le film de Tim Story ne peut pas survivre à une telle comparaison: que peut faire le conservateur et ultrachiant 4F face à l'inventivité exacerbée et à l'enthousiasme débridé de Spider-Man, face à la rigueur et au dynamisme de X-Men? Réponse: rien. Quel énorme gâchis.

Le vrai visage de Galactus, le Dévoreur de Mondes: un géant sans pitié

Je vous laisse avec le Surfer, qui cherche à nous mettre en garde, nous les Hommes, contre notre folie à essayer d'adapter ses aventures sans se donner les moyens de le faire correctement. Et dessiné par Jack Kirby, of course!


17.8.07

Voici une affiche géniale. Et ça, c'est la vérité, bébé !

L'affiche du film Michael Clayton, un thriller avec George Clooney, réalisé par Tony Gilroy, le scénariste de la série Bourne Identity/Supremacy/Ultimatum.

Cette affiche est très réussie, elle me donne envie de voir ce film. D'autant plus qu'au fond, cette affiche va plus loin que le film: devant une phrase pareille, comment ne pas penser à la politique américaine actuelle, à cette guerre qu'on a cherché à gagner à coups de slogans machos et qu'on est en train de perdre sur le terrain? "The truth can be adjusted": voilà le genre de truc qu'un néo-con serait capable de dire. Bande de connards.

Je ne sais pas si ce film est bon ou pas (je suis plutôt optimiste au vu du pedigree), mais j'apprécie le fait qu'il suscite une réflexion à la simple vision de l'affiche. Une fois de plus, on bien obligé de reconnaître qu'en temps de troubles, la création artistique est stimulée et stimulante. Plus le monde va mal, plus l'Art va bien.
"May you live in interesting times", comme le dit l'expression. Mais s'agit-il d'une bénédiction ou d'une malédiction?

16.8.07

The Immortal Iron Fist

En me baladant sur Amazon, je suis tombé sur le premier volume de la nouvelle série solo du super-héros Iron Fist, édité par Marvel Comics. J'ai eu envie d'écrire un petit commentaire sur la page Amazon.fr du bouquin. Evidemment, je n'étais pas satisfait de ce que j'ai soumis à Amazon (qui sait, le commentaire va peut-être apparaître sur la page quand même!), donc je me suis dit que j'allais développer un peu le sujet sur ce blog. J'espère que j'arriverais à susciter votre intérêt pour cette BD formidable!


La plus grande force des éditeurs de comics américains comme Marvel ou DC, c'est leur réservoir inépuisable de personnages disponibles, crées au fil de leurs 70 années d'existence. Pour chaque personnage légendaire crée par ces vénérables maisons (Superman et Batman pour DC Comics, Spider-Man, les X-Men et Hulk pour Marvel), il existe des dizaines de personnages vites tombés dans l'oubli parce que pas assez distinctifs et/ou populaires.
Il existe aussi des personnages de seconde, voire de troisième zone, qui sont populaires, qui gravitent dans l'univers et qu'on voit de temps à autre. Ils sont populaires, mais pas assez pour avoir droit à leur série d'aventures en solo.

La première apparition d'Iron Fist, en 1974


Iron Fist est un de ces personnages. Crée dans les années 70 pour surfer sur la vague du kung fu, très populaire aux US à cette époque, le comics raconte les aventures de Danny Rand, alias Iron Fist, un jeune millionaire qui trompe son ennui en utilisant ses talents d'artiste martial au service du Bien. Il pratique un kung fu fondé sur une énergie mystique (son chi) qu'il concentre dans son poing, son "Iron Fist". Ce pouvoir lui à été conféré "après qu'il eu vaincu le terrible dragon Shou Lao, et plongé sa main dans le coeur du monstre". Bon, c'est vrai que ça ressemble un peu à une version orientale des aventures d'un certain Siegfried.



Comme origine pour un super-héros, on a déjà vu plus...original. Très vite, le personnage fut relégué a des apparitions ponctuelles (et généralement humoristiques) dans les séries plus prestigieuses de Marvel (Iron Fist fait surtout des apparitions dans Daredevil et Spider-Man). Bref, c'était un personnage populaire, sympathique, mais pas très puissant, un peu difficile à prendre au sérieux...C'est pas tout les jours qu'on invente des personnages au potentiel narratif aussi fort que Spider-Man ou les X-Men!



Et tout d'un coup, tout bascule: deux étoiles montantes chez Marvel, les géniaux scénaristes Matt Fraction (Casanova) et Ed Brubaker (Captain America, Daredevil) reprennent en main le personnage. Ils lui inventent une mythologie, en introduisant un concept génial: le pouvoir du "iron fist" existe en fait depuis toujours, et se passe de génération en génération (d'où le titre The Immortal Iron Fist). Chaque génération a son Iron Fist, champion de K'un L'un, vainqueur de Shou Lao. Cette idée toute simple se revèle diablement efficace: Danny Rand, le milliardaire désoeuvré, découvre qu'il est le dernier d'une longue lignée de champions, et cherche désormais à connaître l'histoire (souvent tragique) des "Iron Fist" qui l'ont précédé. Avec cet habile dispositif, les auteurs peuvent s'amuser à explorer l'histoire de tous les Iron Fist, à coup de flashbacks qui se déroulent pendant la Première Guerre Mondiale ou dans la Chine du Moyen Age...Chaque Iron Fist a utilisé son pouvoir de façon différente, parfois pour détruire, parfois pour guérir. Et chacun a défendu l'honneur de K'un L'un, une des Sept Cités Célestes, face aux champions des autres cités célestes. Pour résumer, on pourrait dire que Fraction et Brubaker ont transformé un mec qui faisait du kung fu en collants verts dans les ruelles de New York en Champion Eternel des Forces Du Bien dans leur Lutte contre les Forces Du Mal. Et ça a de la gueule!


Orson Randall, Iron Fist du début du XXème siècle, pendant la Première Guerre Mondiale


Bref, The Immortal Iron Fist est un des comics les plus excitants du moment. Les scénaristes ont eu une idée géniale, qui confère au personnage une épaisseur qu'il n'a jamais eu. L'histoire oscille entre le polar, le film de Bruce Lee et la science fiction ésotérique...c'est très raffraichissant. En ajoutant une dimension "cosmique" aux aventures de leur héros, les scénaristes se donnent la liberté d'être aussi fantaisistes qu'ils le veulent. Parfois, ça ressemble à du Largo Winch: Danny Rand, en civil, doit défendre son entreprise d'une OPA hostile tout en déjouant, en tant qu'Iron Fist, les pièges des assassins ninjas envoyés contre lui par la branche "armée" du conglomérat qui a lancé cette même OPA. Parfois, ça ressemble à Higlander: dans les épisodes à venir, Iron Fist va participer au tournoi des Champions des Sept Cités Célestes. Pour l'emporter, il doit découvrir la véritable étendue de son pouvoir, en s'inspirant de ce qu'on fait ses prédecesseurs (Il ne peut en rester qu'un!).


Une page du premier épisode, illustrée par David Aja


Et comment ne pas mentionner le dessin superbe de l'espagnol David Aja, capable de passer sans difficulté des ambiances urbaines, noires, aux décors "cosmiques" les plus fantasques. Les nombreux flashbacks sont illustrés par d'autres dessinateurs prestigieux, ce qui permet de mieux marquer les contrastes entre tous ces récits, et de mieux accentuer les différentes ambiances que l'on traverse (le film noir, les histoires de pirates chinois, la Première Guerre Mondiale...).


Bei Ming-Tian, Iron Fist en 1227, combat les Mongols dans un flashback illustré par Travel Foreman et Derek Fridolfs


The Immortal Iron Fist, c'est une success story comme seul le monde des comics américains le permet. Un personnage dont personne ne savait que faire trouve enfin sa voie, par le biais du pitch original d'un scénariste. Les grands personnages, les Superman, Batman, Spider-Man...ont été des succès immédiats qui n'ont jamais eu besoin d'être réinventés pour attirer les lecteurs. D'autres personnages en sont à leur cinquième "réinvention", et ne parviennent toujours pas à attirer un public fidèle et suffisamment nombreux pour garantir des ventes soutenues (Supergirl, Aquaman, le Surfer d'Argent...et plein d'autres). Et certains, comme Iron Fist, sont restés présents, en attendant qu'un mec trouve LE concept qui leur permettrait enfin de réaliser leur plein potentiel, LE moteur narratif inépuisable qui leur donnera enfin ce dont ils rêvent depuis le premier instant de leur existence: l'immortalité.


Du kung fu, des ninja, des mitrailleuses...que demande le peuple?


13.8.07

The Perfect Ending

Le morceau qui me fait tripper en ce moment: "The Perfect Ending" de Harriet Street.

J'ai découvert ce morceau dans les spots promo pour John From Cincinnati. C'est superbe, planant, et ça ressemble un peu à du Coldplay.

Le morceau peut être écouté et téléchargé sur leur page MySpace (eh ouais, ils ne sont pas encore assez connus pour avoir étés piratés!).

Quand à John From Cincinnati, on est à un épisode de la fin de la première saison, et je ne sais toujours pas si j'aime ou pas. Mais je continue à regarder, et à attendre le dernier épisode avec impatience.

2.8.07

Michaelangelo Antonioni (1912-2007)

Monica Vitti et Alain Delon dans L'éclipse

Michaelangelo Antonioni est mort le 30 juillet. Je l'ai découvert l'an dernier, grâce aux ressorties en salle de Blow-up et de Profession: reporter. Sa réputation était telle parmi les cinéphiles que j'avais un peu peur de l'aborder (j'avais surtout très peur que ses films soient très chiants. Ce qui n'était absolument pas le cas). Depuis que j'ai fait ce premier pas, ce cinéaste m'obsède. Visuellement, narrativement, ses films nous plongent dans des mondes étranges, autres. Il faut que je voie ses autres films. Il faut absolument que je rattrape mon retard!

Fish in the sea, you know how I feel...

Récemment, je me suis mis à regarder une nouvelle série très originale, John From Cincinnati récemment. Crée par David Milch (Deadwood), JfC parle de surf, de familles déglinguées, des liens invisibles qui existent entre les hommes, de Dieu...c'est un peu comme si quelqu'un avait décidé de prendre aux sérieux les élucubrations fumeuses de Bodhi sur la Vague, comme si David Lynch avait fait un remake de Point Break....
C'est très beau, très étrange, un peu prétentieux aussi. Je ne sais toujours pas vraiment ce que j'en pense. Mais je vais suivre cette affaire de près.

Voici son superbe générique. C'est beau, le surf.