6.11.04

Argh....

Alien Vs. Predator, de Paul W.S. Anderson
Eh oui, j'ai fini par aller voir ce film dont j'ai entendu tant de mal, un film tellement mauvais que ses distributeurs n'ont même pas cherché à le promouvoir: pas de distributions d'invitations pour une avant-première, affiche pourrave dans le métro parisien....rien ne donnait envie d'aller voir ce film, qui pourrait apparaître aux yeux du non-initié comme relevant de la plus pure stratégie marketing ("en alliant dans un seul film 2 figures mythiques de la SF, on va attirer deux fois plus de monde que s'il n'y en avait qu'une seule!!!")...

Dissipons cependant certaines préconceptions liées à ce film:
- le réalisateur: Paul W.S. Anderson (à ne pas confondre avec Paul Thomas Anderson, réalisateur génial de Boogie Nights) est sans aucun doute LE réalisateur le plus haï sur Internet. Pourquoi? Parce qu'il le genre de film qui intéresse les internautes/cinéphiles, qui vont s'informer sur des sites comme Aint-It-Cool News et CHUD.com. Anderson s'est spécialisé dans l'adaptation (ratée) de jeux vidéos en films: Mortal Kombat, Resident Evil, Alien Vs. Predator...Comme les sites de cinéma sur Internet sont quasiment toujours gérés par des geeks, fans absolus de comic books et de jeux vidéos, ils connaissent par coeur la filmo de M. Anderson! Ses films ont souvent été de modestes succès commerciaux (ce qui explique pourquoi il continue de pouvoir en faire) mais généralement des ratages artistiques (et je reste persuadé que même avec un concept comme "Alien vs. Predator", il y a moyen de faire un film de SF de bonne qualité. Ce n'est pas le matériau qui est défaillant, c'est son passage au grand écran!).

- le projet : malgré ce que l'on pourrait croire, l'idée de ce film ne remonte pas à hier, mais s'inscrit dans une mode des années '90 dans les domaines des comics et du jeu vidéo aux Etats-Unis, la mode du "crossover". Qu'est-ce que le crossover? Comme son nom l'indique, cette mode consistait à mélanger les univers de différentes BD, différents films, et permettre aux personnages de passer outre les limites de leur univers (to "cross over") pour en rejoindre un autre. Expression d'un post-modernisme débridé qui cherche à abolir les frontières des genres et des formes artistiques? Pour le gamin de 10 ans que j'étais à l'époque, tout cela n'avait pas vraiment de sens, de voir des comics Alien vs Predator, Batman Vs Predator, Robocop Vs Terminator, Batman: Aliens...Même Disney s'y est mis le temps d'un dessin animé, au nom très pertinent de Tale Spin (le mélange des "tales", des histoires quoi): on y retrouvait des personnages secondaires de l'univers animé de Disney, comme le pilote pélican de La bande à Picsou, et Baloo du Livre de la jungle dans le rôle de deux pilotes des Caraïbes (oui oui, pilotes, pas pirates) qui luttaient contre l'ignoble Don Karnage, qui était en fait Shere Khan! Bref, je m'égare....
Alien vs. Predator apparut dans les années '90 sous forme d'une série de BD, dont certaines étaient plutôt réussies, ayant trouvé des idées assez plausibles pour faire interagir ces deux célèbres créatures du cinéma de sciences-fiction des années '80. Alien vs Predator se transforma aussi en jeu vidéo, un Doom-like très populaire en son temps.
Tout ça pour dire que l'idée d'un Alien vs Predator ne date pas d'hier!

Eh bon, comme si souvent, le rêve du fanboy s'est transformé en cauchemar, à croire que la réussite éclatante de projets ambitieux comme Lord of the Rings (ce qui n'était pas gagné d'avance) soit contre-balancé par des échecs énormes, à la LXG ou Alien Vs. Predator...pas étonnant que Anderson soit autant haï sur Internet (yen a un autre dans ce cas, c'est Uwe Böll)...Je ne doute pas une seule seconde de la sincère dévotion de Paul W.S. Anderson à son projet, mais cet imbécile devrait avoir l'honnêteté de reconnaître qu'il n'a aucun talent de scénariste! Son histoire est bonne, elle n'est d'ailleurs pas entièrement de lui, mais ses dialogues sont affreux et le rythme de l'histoire à chier (en une demi-heure, il ne reste plus que 3 humains survivants, sur les 30 de départ. Remarque, on s'en fout un peu vu qu'ils sont cons et qu'ils parlent mal anglais...)...même George Lucas à su se remettre en question après La Menace Fantôme, et s'est payé les services d'un co-scénariste pour L'attaque des clones!

Cependant, je n'ai pas passé deux heures désagréables. J'étais dans une salle pleine de monde (150 personnes), un public averti, conscient du massacre, mais venu par fidélité a l'une ou l'autre franchise...entre connaisseurs, on a bien rigolé, tellement c'était mauvais....

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