17.9.04

Que de chefs d'oeuvre!

The Bourne Supremacy, de Paul Greengrass
Un film choc, un film coup de poing dont je suis ressorti K.O. les deux fois ou je l'ai vu. Ce qui distingue ce film de n'importe quel autre film d'action/d'espionnage, au hasard les James Bond, c'est la mise en scène: Paul Greengrass choisi de filmer cette histoire comme on filmerait un reportage, avec une caméra à l'épaule, qui suit sans relache les protagonistes, donnant au spectateur le sentiment d'être là, a courrir derrière Jason Bourne lorsqu'il fait son jogging, ou à être assis dans le siège d'a côté lors de la course poursuite finale. Le spectateur est précipité dans l'action dès les premières images, et se retrouve prisonnier d'un film dont le rythme fievreux l'empêche, à l'instar du héros, de reprendre son souffle une seule seconde.
La magie de ce film, c'est qu'en le revoyant une seconde fois on se rend compte de son efficacité, de sa maîtrise totale. La mise en scène est nerveuse et semble être improvisée, alors qu'elle est en réalité terriblement précise dans ce qu'elle cherche à montrer. Le montage, qui à première vue semble encore plus épileptique que celui d'un film de Michael Bay, est en réalité d'une précision chirurgicale: les plans s'enchaînent avec la plus grande fluidité, les raccords sont toujours évidents, et malgré le rythme accéléré des coupes, le spectateur n'est jamais perdu dans l'action. Le rythme des scènes d'action est parfaitement maîtrisé, en particulier lors des deux poursuites en voiture qui ouvrent et ferment le film : aucun temps mort, seulement une intensité qui va crescendo, et qui fini par épuiser le spectateur qui s'en prend plein la gueule.
Ajoutons pour finir que ce film brille avant tout par son apparente simplicité et sa volonté de réalisme. Les scènes d'action ne se terminent pas par des explosions gigantesques à la Michael Bay, les décors ne sont pas glamour comme ceux d'un James Bond, et le héros du film n'est pas un surhomme à la Ethan Hunt dans Mission : Impossible 2. Les aventures de Jason Bourne se situent toujours à la limite entre le réel et la fiction, et c'est pour cela que l'on s'immerge dans son monde aussi facilement...
The Bourne Supremacy est le genre de blockbuster qui redonne espoir au spectateur : la façon dont Hollywood s'est récemment laissé infiltrer par des artistes venus du cinéma "indépendant" constitue une preuve irréfutable que pour les studios, la qualité artistique de leur production reste un élément de grande importance...

Vu en DVD:
Carlito's Way de Brian de Palma
Carlito's Way, ou L'Impasse en VF (pour une fois, un bon titre en VF!), est avec Scarface le film qui à le plus influencé la conception de l'un des meilleurs jeux vidéos actuellement, GTA : Vice City. Que ce soit dans le design du Malibu Club ou dans le physique de l'avocat de Tommy Vercetti, les références au film de De Palma sont flagrantes. Ce film peut d'ailleurs être vu comme la suite de Scarface, si Tony Montana, plutôt que d'être assassiné par des gangsters rivaux, avait été arrêté par la police et envoyé en prison. Carlito Brigante vient de sortir de prison, après 5 ans plutôt que les 30 prévus à l'origine. Ce passage par la prison l'a changé, et il ne souhaite plus reprendre la place de baron de la drogue qui était la sienne avant d'aller en prison. Comme d'habitude dans les films de gangsters, on ne pas quitter le milieu impunément. Evidemment, son passé le rattrape, et il meurt avant de réaliser son rêve: quitter New York et s'installer a Paradise Island, pour rejoindre un camarade de prison qui y a monté un petit commerce.
L'enjeu du film, ce n'est évidemment pas de savoir si Carlito va s'en sortir: les premières images du film le voient abattu juste avant de pouvoir prendre la fuite. La véritable question est de savoir qui va le tuer : son ancien associé, de peur qu'il le balance? le nouveau caïd qui monte? la famille d'un caïd qu'il a aidé à tuer? Carlito est une figure éminemment tragique, que tout le monde sait condamné sauf lui. La mise en scène sublime de De Palma ne fait qu'accentuer le poids de cette fatalité à laquelle Carlito ne peut échapper. La voix off omniprésente nous montre le désespoir de Carlito, qui, malgré ses plus grands efforts, ne parvient pas à s'en tirer tout en respectant le code d'honneur qu'il s'est fixé. Carlito est un mort en sursis, mais ses efforts pour lutter contre la fatalité sont tellement sincères qu'on ne peut s'empêcher d'y croire, ne serait-ce qu'un instant...

Lu:
High Fidelity de Nick Hornby
Ayant vu (et apprécié) l'adaptation de ce roman par Stephen Frears, avec John Cusack dans le rôle principal, je n'ai eu aucun mal à me replonger dans ce drôle de petit roman, très drôle et sans prétention. La lecture est d'autant plus facile que le film est très fidèle au roman, mis à part le changement de pays: l'action se déroule ici à Londres, et non à Chicago.
High Fidelity est très drôle, parfois émouvant, écrit dans une sorte de récit fragmenté qui nosu empêche de nous ennuyer. Une lecture très agréable.

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