6.4.07

Say Goodbye to Hollywood

Hier soir, je suis allé voir Alpha Dog, le nouveau film de Nick Cassevetes. En gros, c'est du Larry Clark light, l'histoire d'un enlèvement qui commence comme une blague et qui se termine très mal.

Un mec (Jake) doit beaucoup d'argent à un autre mec (Johnny). Ce dernier décide donc, sur un coup de tête, de kidnapper le petit frère de Jake, Zack, pour forcer Jake a lui rembourser ce qu'il lui doit (on apprendra le montant exact de la dette à la fin du film). Si les personnages portent des noms de beaux gosses riches américains, c'est qu'ils le sont. Les "héros" du film sont des jeunes californiens friqués et idiots. Ils sont riches et idiots, leurs maisons ont toutes une piscine, leurs parents sont absents ("Ecoute ma chérie, je suis sous ecsta là, je peux vraiment pas te parler, OK?") et idiots aussi, ils boivent beaucoup, ils font la fête, ils prennent de la drogue, ils ont des armes...on sait comment ça va se terminer: mal. Bon, comme je savais que le film était tiré d'événements réels, je savais aussi comment ça se terminait. Donc, je me suis un peu emmerdé. D'autant que dans la plupart des scènes de déconnades et de fêtes, je n'étais pas bourré avec les mecs à l'écran, donc forcément, j'ai eu du mal à ne pas les trouver lourds.


Le problème avec ce film, c'est qu'on arrive pas vraiment à s'accrocher. On arrive pas à trouver un point d'ancrage. Nick Cassavetes a changé les noms des personnages, mais il respecte le déroulement des événements sans céder à la tentation d'enjoliver le récit ou bien de "formater" les personnages pour en faire des archétypes (ex: la brute au grand coeur, le couard qui révèle son courage à la fin du film,...). Résultat: les personnages sont tous uniformément cons. La seule différence entre eux, c'est que certains cons sont énervés, d'autres sont peace. Pendant un moment, on se dit que Frankie, le personnage de Justin Timberlake, va peut-être devenir la bonne conscience du groupe, et faire comprendre à tout le monde qu'il faudrait arrêter de déconner. Et puis non, c'est quand même plus simple d'obéir aux ordres de son pote.

Bref, Alpha Dog, c'est Bully en plus glamour, en plus habillé, et à peine moins malsain (les personnages sont un peu plus agés, et moins vicieux pour la plupart, c'est peut-être ça la différence). Mais comme chez Larry Clark, on a envie de demander: "Pourquoi?". A part comme excuse pour exhiber des beaux corps sous le beau soleil californien, à quoi ça sert de raconter cette histoire? Le suspense n'en est pas un, puisqu'on sait qu'il s'agit d'un fait divers. Le film n'apporte rien de vraiment neuf au cinéma. Ne serait-ce que parce que Larry Clark à déjà abordé ces thêmes de façon plus crue il y a bien longtemps!
Preuve absolue de l'incapacité de ce film à vraiment me passionner: j'avais du boulot à finir après le ciné, j'avais une réunion à préparer, ce qui me stressait un tout petit peu (juste ce qu'il faut, hein!)... eh ben pas longtemps après le début du film, je me suis mis à penser à ce que je devais préparer pour ma réunion, et bam! C'était fichu, j'arrivais plus à me sortir la réunion de la tête. C'est vraiment un signe qui ne trompe pas.

MAIS, car il y a un MAIS, n'oublions pas une chose essentielle: un film de ce genre, c'est avant tout une affaire d'acteurs. Et il faut reconnaître que le casting est excellent, et qu'il parvient à nous étonner, nous émouvoir, malgré la faiblesse du scénar. Les acteurs confirmés, Sharon Stone et Bruce Willis, sont parfaits. Emile Hirsch (héros de Girl Next Door) est très convaincant dans le rôle du "caïd" de 20 ans, qui effraie malgré son visage de gamin. Ben Foster montre une fois de plus son talent pour jouer des mecs complêtement dingues. Il prend manifestement beaucoup de plaisir à incarner ce junkie speedé à deux doigts du pétage de plombs. Son jeu est complêtement, délicieusement over the top. C'est assez savoureux à regarder (le meilleur pétage de plombs de Ben Foster, c'est dans Otage, un assez bon film qui mériterai que je lui consacre une chronique). Et enfin, la surprise du film: Justin Timberlake, complêtment naturel dans le rôle du mec gentil qui se retrouve piégé par sa stupidité (et par celle de ses amis). L'aisance qu'il a devant la caméra, du début jusqu'à la fin, fait plaisir à voir. J'espère qu'il sera aussi bon (il paraîtrait que oui) dans Southland Tales, de Richard Kelly. Enfin, il faudrait déjà pouvoir être sûr qu'on va voir Southland Tales, ce qui n'est pas gagné.

Bref, un film sans réel intérêt, qui contient quelques bons moments. C'est dommage d'avoir pu réunir un tel casting sans avoir un vrai scénar. Tant pis!

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